La peinture dans mon univers
Peindre, c’est donner à voir l’ailleurs tout en restant dans l’ici et le maintenant.
Depuis les 23 dernières années, la pratique des arts visuels a repris une
place prépondérante dans ma carrière. Bien au-delà des concepts de
figuration ou d’abstraction, chacune de mes oeuvres révèle une réalité
enrobée d’un rêve. Né en Abitibi entre épinettes et bouleaux, la tête dans
les nuages les pieds sur terre, j’ai toujours cru que là où régnait le vert,
il m’était plus facile de voir venir l’avenir. Comme l’arbre, enraciné à la
fois dans le ciel et dans la terre, mon imagination unit la matière et
l’esprit, la réalité et le rêve. Comme l’arbre, elle est une source
perpétuelle de régénération et d’évolution.
Célébrant l’allégresse de la nature, mes toiles sont des poèmes dont les
mots sont devenus des couleurs, et les rythmes, des points, des droites et
des courbes. Dans une liberté totale du geste ou dans son contrôle, mon
processus créatif allie improvisation et structure. Une part de moi- même,
très spontanée, fait écho à mon amour de la liberté d’expres-sion. Faisant
confiance en mon instinct, je me place alors dans un état risqué de
l’instant. Paradoxalement, j’aime aussi construire mes toiles tel un
architecte. Alors, je me réfère à un processus rationnel qui fait entrer
dans mes œuvres le souci de l’ordonnance des règles mathématiques de la
géométrie de l’espace et celui des nécessaires et pertinentes proportions.
En fait, j’essaie de m’étonner moi-même dans la diversité de mes modes
d’expression et ma tentative d’intégrer des langages différents qui
s’appellent et se répondent.
Fasciné par la notion de totalité et désireux de manifester l’arborescence
des formes et la floraison de la vie, ma dernière période de peinture a
comme référent formel le « mandala », terme sanskrit signifiant «
cercle ». Comme rien n’existe qui n’ait un centre autour duquel il tourne,
le cercle et le point sont des symboles de la création en expansion et de
l’infini. Explorant les nuances du spectre de la lumière, je peins une
infinité de points de différents diamètres évoquant fleurs et étoiles. Voici
comment je décris l’objet de mon imaginaire :
Dans le ciel fleurissent les étoiles dans le noir
Sur la Terre les fleurs en sont les miroirs
Mes toutes dernières toiles, sur support en bois, sont en trois
dimensions : des billes de verre transparent, de métal ou de bois y
sont incorporées mettant ainsi en relief les formes et les couleurs.
J’expérimente ainsi la complémentarité des contrastes créés par le
côtoiement des couleurs mates et des couleurs iridescentes. La plupart de
mes dernières toiles sont des cosmogonies : j’imagine que je peins des
jardins glorieux fleurissant à l’infini.
Les photographies des œuvres ont été prises par Daniel Roussel.
Toile de Raôul Duguay en arrière-plan :
Coquelicot sur mon coeur